1 Décembre 2018
s'il fallait te pleurer dans l'or des lassitudes
et dans les ors mouillés d'une pluie de vins flous
s'il fallait écarter la rebelle altitude
des versants de la nuit où se tend le cri du loup
s'il fallait la toundra pour que la neige fane
à la vaine éclosion d'une terre prosternée
s'il fallait que le songe enterre sa peau diaphane
sous une couche d'ombres aux dormantes années
s'il fallait te cerner de frissons éloquents
comme une forêt grise mordorée par l'automne
s'il fallait te donner les jours inconséquents
ahanés dans le vide où les pensées résonnent
s'il fallait que le monde écoute les horloges
et observe un silence long comme l'érable
s'il fallait te guider quand l'avenir abroge
l'odeur du foin blessé par l'incommensurable
s'il fallait te rêver d'un bout à l'autre de la nuit
rameutant dans le sable le chaud des commélines
s'il fallait que la bouche d'où le baiser s'enfuit
tresse une étoile bleue sur ta main orpheline
s'il fallait des distances à réduire d'un souffle tiède
au bord de la flamme qui se joint aux silences
s'il fallait promener l'angoisse qui te possède
sur la grève boisée de ton coeur à l'errance
s'il fallait que les loups reviennent crier leur froid
pour isoler la terre neigeuse et solitaire
s'il fallait que tu glisses dans le gosier étroit
des sanglots moissonnés contre les cieux délétères
s'il fallait te mouvoir au fond de la nuit reine
comme une mort piégée par la nage du temps
s'il fallait t'alléger comme l'eau de la peine
là où le carillon chante et où le coeur s'entend.
in La Bouche embrasée
Mars 2018