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Mai 2019

Mai 2019

La nuit n'est pas brisure
Elle coule en ton échine
Elle est ceinture d'oubli
Sur l'échiquier du destin
Le vent la serre de près
Comme une profonde entaille
Le couteau dans la chair noire
Ouvre sa plaie d'abandon

Tu nais dans la brume déserte
Où le sable blême irise le temps
Tu croises entre tes bras
Le chemin de la misère
La vie comme une aile déployée
Cisèle la buée du soleil
Pour parler du lointain.

31-05-2019

J’entends le martèlement des heures
Au loin la nuit ahane
Et coupe le bois du sommeil
Un peu de soleil vibre encore
Sous une peau de feuilles mortes
La lune trotte dans ma tête
Comme une aiguille perçant tout
La terre enclume poudreuse
Creuse un sillon sur son visage
Le labour de ses ongles partage le regard

J’entends l’abrupte pierre s’échouer contre mon cœur
Au plus près de mes mains
La couleuvre éteint son serpentement
Le soleil s’écrase sous le soc du langage
Je n’ai plus que mes mots
Pour te saisir enfin.

30-05-2019

Surimpression de l'invisible
Je dors dans tes bras comme une nuit
Mensongère l'espace de ta chute creuse ses regrets
Je ne suis que le pas du givre
L'empreinte de ton regard sur l'horizon
Frêle tu danses entre les ténèbres
Et ton obscurité
S'emmêle au présent de la chair
Je me suis faufilé sous ton serpentement
Au dos de ton coeur
Le chaud du vide réapprend le désert
Tu es le dernier rempart
Je suis la première paupière
Les os du ciel te charpentent
Comme une mansarde destituée.

29-05-2019

Tu retournes à la source de ce jour indiscret
Où nous liions le bleu aux forêts boréales
La terre et la roche dans le feu secret
Pliaient la nuit dans un mouchoir minéral

Tu ne sais plus à quelle évanescence te fondre
La beauté du silence perfore les matins blêmes
Les joncs au bord du temps glissent dans ton ombre
Tu gardes en toi un reflet de mes poèmes

Tu regardes le lointain mais tes paupières sont closes
Il n’y pas d’horizon pour ceux qui convoitent leurs pas
Le ciel en tes empreintes sème de simples choses
Ton cœur le mien unis dans la blessure de tes bras.

28-05-2019

Des stalactites de feuillage
Berçant la pergola
Un peu d’ombre égouttée
Sur les chaises de ferraille grises
Le soleil qui transperce le toit
Et strie les vêtements de lumière

Les arbres bougent au loin
Ondoyant libres dans le souffle
Des premières lueurs
Les abeilles grondent
Dans les ruches de sapin
Un champ de colza salive son jaune éclatant
Et la gueule de la forêt
Avale l’horizon blessé

Le barbecue fume lentement
Les maquereaux grillent au point du jour
La nuit ne pèse plus
Son arc lunaire est oublié
Seul le chien bois le soleil croupissant
Et l’eau qui tombe
Des vertèbres célestes.

27-05-2019

Le temps perdu au-delà
Est une pierre
Érodée par les paroles
Aiguisée par les vagues
Il n'est plus vraiment espace de nuit
Il bat comme l'ombre déchue
Et cette pierre que soulève
La douleur
Vibre au tempo du regard
Les plis du sable s'éteignent
Dans le delta murmurant
La mer comme un chuintement tendre
Trace une brume grimpante
Aux bruits du littoral.

26-05-2019

Le vent s'est levé dans la plaine
Le vert tendre boursoufle les lèvres de la terre
La pluie sourd du lointain
Comme un vrombissement de cigales
Les foins coupés parfument les champs
Auprès des rires du chemin
Grandit la voix noire du temps
La nuit se courbe en nous comme
Le blé des déchirures
Nos pas remplis d'ombre
Gercent sous le soleil trop mûr
Et nous passons la main sur l'oubli déplié.

25-05-2019

Dormir au plus près du toit
Entendre les hiboux gratter le lambris
Donner aux oiseaux des miettes de voix
Laisser le soir dans sa niche sans bruits

Le baiser de la nuit est celui des grelots
Qui doucement frétillent dans les champs disparus
Vivre au dos des nuages quand ils déversent l’eau
Au creux de nos paupières comme des gouttes ventrues…

24-05-2019

Les fleurs du vent
À flanc de coteaux
Rassemblent les blessures
Le ciel soupire sur elles
Tout le bleu des matins

Les champs de l'espérance
Brisent le cycle
Des recommencements

La forêt lointaine appelle les couleuvres
Dans les bosquets de soleil
La nuit se gorge des luttes éternelles

Les éoliennes sur la colline
S'enracinent comme des grappes de métal
Et s'agrippant aux étoiles prosternées
Lisent les ruisseaux béants
Où l'on débourre les nuages.

23-05-2019

Je revois ton visage mutin
Tes lèvres fendues d’un sourire d’aurore
Mon cœur au creux de ce matin
Soulève la brume de ton corps

J’aimerai tant à tes côtés
User les jours fébriles
Te prendre la main et tricoter
Des nuages dans tes yeux d’exil

Je me lève chaque jour
Avec le désir de t’entendre
Tu es dans ma mémoire pour
Chanter les oiseaux de novembre

J’aimerai tant tenir ton souffle
Respirer avec toi l’immensité
Te garder en mon ombre comme un chadouf
Puisant l’eau fraîche de l’éternité

Tu es dans le soleil
La vague frondaison qui laisse
Une odeur de glycine en sommeil
Tu es la chaleur de la vie qui cesse
Son balbutiement étranger
À l’appui de mes épaules dans le vent léger…

22-05-2019

Je rêve de ta chambre
Des chardons de lumière qui y poussent
Je rêve au creux de ta main
Les méandres de pluie ravinent les velux

Je rêve de ton cœur mansardé
Où boitent les sommeils de tes enfants chéris
Je rêve comme une aurore au gré de ton pardon
Ta vie se mêle aux autres vies
Et moi je berce le jour dans mes bras de gitan.

21-05-2019

Rocailles
Démembrements de la terre
L'horloge d'espérance
Craquèle les ombres
Le cœur de silex
S'aiguise
À la forge forestière
Les oiseaux nidifient comme
Des brouillards apprivoisés
La virginité du ciel
Embarque sur la lenteur des chardons
Seule la blessure du vent
Frotte contre la peau.

20-05-2019

Tu m’es venue cette nuit
Dans l’alcôve des étoiles
L’alchimie de ton corps
Brouillait mes sens à l’écoute des heures

Ton silence m’a surpris
Ta nudité m’a tu
Je suis passé sur le chemin de fuite
Où ton regard déshabillait les anges

Le doux bruit des lanternes
Éclairait tes seins respirant le bonheur
Tu nouais le soleil
Dans un creux de tes bras

J’ai amadoué ton cœur
Grâce au bleu de l’errance
Tu savais que ma vie y était ancrée
Comme une couleur déchue

Tu étais si belle à relire les routes
Ton manteau de nuits blanches
Recouvrait les champs de givre
Et tu laissais tes cheveux dans l’eau d’un ciel consumé

Tu m'es venue en cette nuit
Où les arbres taisaient leurs sanglots
Tu étais si belle à boire cette naissance

L’épicentre des âmes flambait en ton amour.

19-05-2019

Je n’ai en moi que ce mirage
Ce nœud de tombes légères
La mort se tend au-dessus des toits
Le ciel dans son embargo de vie déloge les anges
Et comme un silence trop court
Jeté au loin dans le sillage du rêve
Fendille les eaux consumées

Je n’ai en moi que le visage de la nuit
Le berceau d’ombres fuyantes
À la surface de ton nom
Je n’ai que ce cœur dépeuplé
Brisé par la misère
Où tu viens déposer le bleu du rivage
Comme un abîme sans lieu
Qui laisse derrière lui la marque de ses frissons.

18-05-2019

À la branche sauvage du jardin d'amertume
Je t'écris cette lettre pour te dire le ciel
Qui surplombe mon âme de ses étoiles vagues
Pour te dire la lumière de la nuit qui s'allonge

Je ne suis pas assis parmi les bruits de l'ombre
Seuls des grillons résistent au poème de tes pas
Je t'écris le silence qui neige au son de l'arbre
Les paroles te donnent l'immense fugue des lys

Tu laisses des brasiers d'herbes te consoler le jour
La vie abrupte passe comme une falaise rognée
J'écris pour t'avouer la grève prisonnière
La terre assemble tout jusqu'au blanc de l'ennui.

17-05-2019

Porosité de l'air
La soif immatérielle danse en toi
Tu captes le soleil au bond
Quand la douleur dégrafe son sillage
Tu masques ton sein
Et le calcaire de la nuit ouvre
Sa béante bouche
Tu respires le dénivelé de l'ombre
Là où l'espace vient te combler.

16-05-2019

Sur le sable
Comme une lumière intestine
La liberté profonde
Joue de son archet violent
Les coquillages crissent sous les pas
La lune accroît sa présence
Et le méli-mélo des vents
Adoube l'horizon

Un chevalet de nuit
Enjambe la rivière
Et le peintre
Sur le dos du passé croise les andains
Ses couleurs masquent la plaine
Il suffit d'une étoile
Pour plonger dans le cœur vivant.

15-05-2019

Vagues d'herbes hautes
L'ondoiement des cieux au fleur de la prairie
Le vert présage du jour
Qui s'étale au devant des bovins
Un troupeau de nuages broute les silences
Et la musique du temps
Emplit l'oreille creuse des arbres
La nuit dans les branchages
Dort sous la lucarne du soleil
Le vent flétrit sur les fleurs disparates
Toute la mesure du solstice
Raye le chemin de solitude.

14-05-2019

Je viens te contempler au bord
Du vacarme l'oubli perce le fleuve
Ce sont tes lèvres qui m'inondent
Du sel des larmes je te touche
Il suffirait que je t'aime un peu plus
Pour que se dénouent tes rêves

Tu te déshabilles en moi
Sur la courbure de la nuit
La vague joue au yo-yo avec mon coeur
Tes seins comme un appel
Dessinent de l'amour
Sur la plage engourdie
Tu débordes des autres
Et je te couvre de mes mains insolubles
Ce sont tes hanches qui me ceignent
Ton regard qui me cueille
La lisière libre des flammes
Brûle à petit feu mon combat

Je viens te contempler
Dans la brume vertébrale
Ton corps nu est si beau
Dans sa pâle tiédeur
Le temps passé sur toi me rejoint
À la blessure ancrée des jours.

13-05-2019

L'espace de tes bras
Oscillant entre les jetées
Comme une péninsule tu ouvres
La voie vers le large

Les navires te tutoient au fil de leur étrave
L'équilibre des mers jonche l'horizon

Tu danses sur l'eau ébauchée
Comme une ballerine ténébreuse

Le sable t'emplit la bouche
Et tu prononces les prophéties du matin
L'aube sur ton corps
Dessille son ivresse

La nuit bleue d'avoir englouti ton ombre
Rompt l'échine silencieuse.

12-05-2019

J'écris pour la distance
Qui me sépare de toi
J'écris pour combler l'avance
De tes embruns parmi mes émois
Je masque d'un pas le poème premier
Dans la mélodie indifférente
Et je traverse le maquis des mots
Où tous les brouillards se retrouvent

J'écris à la mesure de ton incidence
Comme un rocher d'encre neuve
J'écris par oubliance
Le baiser qui s'abreuve
Derrière la nuit trop raide
Le cheval monte les collines du jour
Je crève le nuage rougi
Sur les braises de l'instant.

11-05-2019

Rivière
Tes lèvres gonflées
Du limon de la nuit
La berge du poème
Où coule la présence première
De l'eau de ton labeur
Tes orties sur le bord
Qui glissent dans le calme
Ton corps d'étrangère
Qui lave le silence
Tes affluents boueux
Lampés par le soleil
Et la fissure du ciel
Où s'engouffrent
Tous les bruits de la terre.

10-05-2019

Le vent fouettait les murs
Les pierres tremblantes mesuraient l'onde de pluie
Tout l'horizon obstrué se creusait
Dans la boue noire du silence
On voyait les champs cacher les oiseaux
Leurs ailes se souvenant de l'infini
Commençaient une odyssée indéfinissable
Comme une ombre qui caracolait
Sous le pas de la nuit

Le vent dans les broussailles
Fuyait l'errance du nord
Ébouriffant de désirs
Les cratères de la solitude.

09-05-2019

Tiroirs refermés
Sur la nuit moderne
Des feuilles de brouillons
Gisent en leurs ventres

Papiers et crayons
Troublant le vide du bureau
Le plafond descend sa langue d'encre
Et lèche son écorce

L'écrivain ne couche plus ses phrases
Elles dorment d'elles-mêmes dans la pièce
Prononçant le poème au gré des insomnies
La vieillesse s'allonge sur l'ébène du temps.

08-05-2019

Je voudrais voir les choses à ta façon
Ne pas seulement rêver à l'infini humain
Et marcher avec toi main dans la main
Je voudrais me blottir en tes nobles frissons

Je voudrais tant créer la vie
Et me répandre en libation pour toi
Venir chercher de mes prières les combles de ta voix
Je voudrais lire tes paroles dans la pierre de nuit

Je voudrais regarder le monde avec tes yeux
Danser à la surface en suivant tes pensées
Je voudrais te bénir et dessiner les cieux
Où tout est si profond que meurent les feux passés...

07-05-2019

J'ai tissé ma maison de souvenirs déchus
L'aurore s'en allait vers elle comme égarée entre les livres
J'ai couru pour y voir les clématites vivre
La nuit parait son cœur de blessures inconnues
Où je puisais le noir de toutes les présences.

06-05-2019

Dans les roseaux où ploie
Un brin de soleil
L'engoulevent prisonnier de nos regards
Déplume l'horizon
Les peurs d'automne brisent
Les ruches trébuchantes
L'herbe noire
Grandit dans les contreforts du ciel
Où l'origine du souffle
Penche vers la mer de brume.

05-05-2019

Je vais jusqu'au bout de mon âme
Pour étreindre tes nuits
Je vais par les flots et les flammes
Dans la braise qui s'enfuit

Je vais tournant le dos aux sémaphores
Vers la brisure des lunes
Je vais au comble de l'aurore
Ouvrir mes bras pour tes pensées d'écume

Je vais comme la foudre blanche
Puiser au cœur de la terre
Le parfum céleste des pervenches
Où tu remues le phasme de lumière

Je vais au coin de tes lèvres
Caresser l'espérance amère
De dire la pluie sur les genièvres
Passant de bruit en bruit comme la mer.

04-05-2019

Les grillons ouvrent la voie
Susurrant dans les herbes
Le chant du soleil bleu
Les arbres dégrafent le corset du ciel
Inondant les champs
D'ombres lancinantes

Au cœur du chemin engourdi
Les feuilles allongent le cou
Cherchant au plus loin
Le parfum de la lumière
Elles vibrent avec le vrombissement
Des abeilles qui butinent
L'écorce du silence
Et puisent le tintamarre des grillons
Comme des langues vertes
En la vieille solitude.

03-05-2019

Nuées d’arbres en fleurs
Qui traversent l’esplanade
Le pollen jaillit des corolles
Dans la brume du matin
Se joignant aux chansons
De l’artiste des rues
Qui joue de sa guitare
Les airs de Bob Dylan

Dans le micro grésille
Sa voix rauque et embuée de plaisir
Quelques passants lui versent
Des pièces de monnaie
Depuis la gueule du métro
Une odeur d’ombre viciée
Rampe sur les dalles

Le soleil grillagé
Semble flétrir parmi le marbre de la place
Une marchande de gaufres et de crêpes
Embaume les rues alentour
Le café torréfié réveille les badauds
La nuit serpente encore
Au milieu des parterres de pensées
Des voix s'élèvent pour héler les taxis
L'écho des premières heures
Enduit les affiches publicitaires
Derrière les murs de pierres grèges
C'est le silence qui taille le destin.

02-05-2019

Le silence pénétrant les rouages
L’indicible qui féconde les eaux bleues du ciel
À travers la baie vitrée une odeur de soleil fauve
Le calme qui grince des dents
Au-dehors les chevaux d’herbes folles
Qui s’ébrouent dans le vent tiède
Et moi à l’intérieur sirotant la paix feutrée
Comme un nectar fuyant qui glisse sur le palais
Une ou deux goulées de quiétude
Qui me soulèvent vers la pureté de l’horloge
Le monde introverti s’abîme
Dans l’écho de ta nuit.

01-05-2019

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