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Février 2019

Février 2019

La lune est une louve
sur les versants de la nuit
et toi tu es le pâtre des montagnes
qui relie les étoiles entre elles
dans les ruisseaux du temps elle caracole
buvant l'air et la folie
ses crocs mordent le jour
et dans le noir complet de l'infini
elle remue sa queue de bruyère
le ciel tout entier est son ombre
et toi tu n'es qu'un pan de sa lumière
tu es l'homme après tout
qui cueille la nuit
et la met dans le vase de la servitude
tu es rayonnant d'ivresse
et elle te couve de ses brumes
quand les étoiles hurlent leur cri de terreur
et qu'elles passent en toi les sarments des souvenirs...

la lune est une louve
dans la bergerie de l'univers
et tu es sa saveur mystérieuse
qui reste sous notre langue de verdure.

28-02-2019

Tu m'as donné un coeur
pour m'amarrer à l'invisible
un cœur pour forcer le destin
et visiter les cieux
tu m'as donné le souffle
comme présence inexorable
pour faucher les blés du temps
la nuit pour seule compagne
comme un itinéraire perdu
tu m'as donné le sable les vagues et la souffrance
comme autant de gageures
à libérer dans l'âme
tu m'as donné le vent
pour semer mes pensées
et laisser vivre l'amer
dans son écrin de vérité
tu m'as donné enfin la vie
comme une lumière tressée
autour de tes silences
comme un langage
que je ne possède pas
pour humer dans l'espace
la place des embruns.

27-02-2019

Je suis allé mûrir
dans le silence
là où les engoulevents
prennent appui sur la marge
comme une pierre polie par le zéphyr
comme une brindille
tutoyée par son devenir
je suis allé dans le silence
mûrir pour oublier l'enfance
mûrir pour naître à moi-même
et briller comme l'étoile
qui guide les déserts.

26-02-2019

Ce ne sont
ici-bas
que des déserts d'ignorance
des lamentations harmonieuses
qui baignent la nuit
de doutes

ce ne sont que des
naufrages iridescents
des prières consternées
qui puisent dans l'humain
l'eau de la vérité

il n'y a que leur écorce
qui puisse toucher le néant
que leur ombre
sur l'innocence voilée
toute la mémoire
a étanché sa soif
dans le calice
des blêmes rivages.

25-02-2019

Tu te languis
dans cette maison abandonnée
les tiens y ont laissé
leurs visages
des photos en noir et blanc
jonchent les murs lézardés
la vie est à l'usure
dans ton cœur distant

tu mêles à tes rêves
les chardons du jardin
et les herbes hautes
qui faseyent au vent
laissent derrière elles
une rumeur de vieux langage

tu parles seule
et les mots qui te viennent
ont le parfum du sang
la poussière envahit tes yeux
tu ne vois plus le temps passer
seule ta peau endigue les murmures
et ton visage appelle la mort.

24-02-2019

L'horloge a tari ses heures
dans tous les coins
du ciel
la pierre en sursis
répercute le tic-tac des ans
et les vieux arbres rabougris
gardent la mémoire immobile

il n'y a plus qu'à boire le monde
à semer des pensées
dans la terre vivante
à regarder les visages disparus
dans les graines insaisissables

tout s'est si vite éteint
le naufrage de la nuit
perdure en nos émotions
sous la fragile gangue de désir
qui recouvre
chaque point de lumière.

23-02-2019

Nos lèvres désaccordées
suivent le cours
du temps
cousant au tissu du jour
des chants d'ignorance

et cette mélodie
qui suinte de la nuit
cette prière que l'instinct
apprivoise
monte vers les hauts oublis

nos âmes escarpées
guidant la vie à travers le désert
où un sillon brumeux
s'effile puis s'efface

22-02-2019

Je cherche dans
le repli des miséricordes
la face de dieu
le parfum des vents desséchés

le soleil en marge
du monde
grandit son amertume

je contemple en ta bouche
la réconciliation
le baiser cruel de la souffrance
quand l'invisible sur sa hampe
déloge les larmes

Je ne cherche
que ce chemin de compassion
où le néant semble
écrire sa sensualité
et où l'instant de création
comme un coït
éphémère
tend son étoffe d'infini
sur les âmes silencieuses.

21-02-2019

La terre attend
ses blés
comme une matrice
prétentieuse
la rivière bruit vaillamment
au-delà des épis

des coquelicots entament
le blond soleilleux
du champ
et leur ombre timide
descend vers l'asile
des brumes

la pulpe de la nuit
s'égare
il y a son ventre qui se creuse
sous l'effet du labour
et le vent dans sa semaison
laisse perler le
sang grenat
des fleurs d'agonie.

20-02-2019

Le miel de la terre
emplit les alvéoles de la pensée
le silence coule
vers la source de tes pas
une empreinte de la nuit
s'estompe
et recommence à la ligne
dans la censure du monde
là où l'essaim du vent
vrombit et tremble
au-dessus des mers apprises

le parfum de ton coeur
s'échoue sur mon littoral
les oiseaux le portent
sous leurs ailes fébriles
comme des atomes d'amour
tissés au bleu
des fièvres.

19-02-2019

L'enfant signe son nom
au bas de la feuille morte
la sève de sa vie s'écoule lentement
hors du geste
et hors de la parole
son mutisme prolonge le décor
le silence l'habite et le possède
il n'y a plus que l'écorce humaine
qui le retient à la terre natale
il n'y a que le mot façonné de ses mains
qui le relie au temps

les saisons l'ont quitté
elles se sont amoncelées
au marche-pied de la mémoire
là où vibre encore un peu
le pouls du garçon aux lèvres floues.

18-02-2019

Si je voulais ouvrir
la faille de l'oubli
écrire dans le silence
les intervalles du poème
si je voulais jeter
dans l'abîme les mots tièdes
enraciner ma peur
dans la terre du courroux
si je voulais briser et dire les prières
les lamentations noires du matin
si je voulais faire face
sans m'agenouiller en toi
j'irai jusqu'au ciel intime
là où les pas et les empreintes
se reconnaissent entre eux
là où les frissons n'entament plus
la nuit nue et fragile
là où l'immatériel est un refuge
et où l'invisible se noie
dans les fissures lointaines.

17-02-2019

Le geste de consentement
tisse une aube
s'arrêtant sur la déchirure du vent
les braises de la nuit
convoquent le sanglot
et les sentiments qui fuient
de l'âtre
comme des paroles bruyantes
dans lesquelles s'isole le désir.

16-02-2019

Intactes
les lèvres s'épanouissent
dans le baiser
de l'hiver

la neige
comme un appel
comme un geste blanc
sur la voûte de l'oubli
nappe le monde
de sa chaleur silencieuse

une silhouette grandit
dans l'œil pâle
de la mémoire
c'est un souvenir
tremblant et consterné
qui a bu
l'entière vision de la nuit
derrière laquelle l'espace
a creusé son ornière.

15-02-2019

Cœur tellurique
noyau de vie
la tectonique des larmes
fait se mouvoir les sentiments
dans le miroir la nuit s'abreuve
et le volcan d'amour
crache sa semence

le pollen des rêves
s'essaime dans le regard
la lave bleue laisse gésir les pierres
la langue chaude de la mer
se replie sur elle-même
pour oublier son agonie.

14-02-2019

C'est l'oiseau d'insomnie
qui m'éveille

au bout
de la branche
il apaise le passé

à perte de vue
le pourpre du silence

et la nuit qui s'endort
en moi
comme une encre

antiseptiques
nuages prisés par le ciel
le soleil récure la terre
à l'autre bout de l'espérance

j'ai soif
et ma mémoire
a la gorge sèche
l'angoisse s'abrite
au pied du lit
comme une proie
meurtrie par l'espace
de sa liberté

le vent
léger dans l'être
souffle ses litanies.

13-02-2019

Fleurs de sommeil
à l'approche
semées dans le vent
comme des étoiles
prononcées
au bord
des lèvres de la nuit
laissées pour compte
sur la terre soleilleuse
quand le matin les hume

fleurs de sommeil
tissées
dans le secret des âges
au parfum de
l'ultime infini
à la matière
que le temps ne peut
brûler
au feu invisible de tes yeux
où la pluie danse
et où pétille
la vie.

12-02-2019

Alluvions de la nuit
le passé par strates
balbutie
sur les choses

le vent épouse tout
les falaises orphelines
les pierres échouées
le goëmon solitaire
et le sable qui bat
dans le coeur
frémissant
sous les vagues
silencieux comme la douleur
qui tait le temps

le passé balbutie
trébuchant sur ma solitude
comme l'écume
et l'embrun
qui écopent l'exil
de leur navire

ailleurs
dans l'inconscience
l'albatros déploie
une aile de souvenirs
la pluie tangue
sur la plage
où tant de secondes
ont tressé
l'amour-propre des eaux.

11-02-2019

La nuit a caché
sa vieillesse intérieure
comme un chardon dans le noir
qui porte en lui
tous les jours de silence
un pan d'imaginaire
s'est dressé sur sa route
contemplant les lanternes
qui bordent de lueurs
la lisière du vent

le rêve a franchi la frontière
il ne peut revenir sur ses pas
pourtant l'empreinte du temps
s'est inscrite sur les nuages
et sur la terre précieuse
des chaudes traversées.

10-02-2019

Ta peau est emplie de souvenirs
la caresser ravive ma mémoire
je suis un plain silence
dans la vallée du désir
un exode entre tes doigts
malgré la corde des murmures

tu fuis comme le parfum du monde
te suivre est harmonie bestiale
le vent passe et la main
susurre le blé de l'habitude

ton sentier n'a plus d'ombres
l'arpenter attise le soleil
et la lumière qui me guide
se reflète en ton sein
comme un hymne à l'immensité
de ce ciel où fleurent les anges.

09-02-2019

Le silence en toi se déforme
jusqu'à devenir bruit
et vacarme

la lumière quant à elle
en moi se change
et devient nuit
et devient larme
comme l'écho
d'une vie plus belle
où tu demeures en rêve
pour y laisser la trace
de notre amour déchu.

08-02-2019

Tu trouveras ton ombre
au sortir de la délivrance
quand le silence aura
arrosé la nuit
de sa féménité
quand le ciel aura
saigné sa servitude amère

et tu la poseras
près de toi sur le seuil
cette ombre flagellée par le vent
tu te blottiras contre elle
comme une lueur d'espoir
dont le halo n'est que chimère
tu te cacheras en elle
pour t'oublier
dans le ventre de l'insomnie
et ta mémoire flétrira
comme la fleur humaine qu'elle est
passagère et destinée
à l'évanescente ivresse
du soleil blessé.

07-02-2019

À la tombée des prières
à l'aréole de la vie
le jour allaite la mémoire
et nourrit les arbres flous
tant de souvenirs nus
dans le péril
tant de fleurs démasquées
dans la terre sèche
les larmes dansent
sur la vague de l'éternité
étreignant la solitude
pour réunir les ombres.

06-02-2019

La graine boit la terre
éponge le vivant
elle absorbe la sève
du silence
et la vomit plus loin
là où l'horizon efface
la grisaille du ciel

elle se perd dans le sol
comme une insignifiance
qui se gorge
des frondaisons humaines
et des pas lointains
elle vibre et aspire
la musique de l'eau
l'intériorité de la pluie
qui se désagrège dans l'ombre
et se réforme
aux plis étanchés
de la nuit.

05-02-2019

Quand la douleur du ciel s'éteint
quand les fleurs saignent leur écho troublant
quand la nuit vaste envahit ton coeur
tu meurs à petit feu comme un hiver funambule
sur le fil acéré des saisons

quand les arbres ploient sous le vent tarissable
quand les poussières emportent avec elles
des bouts de ton âme désaccordée
tu cours vers le refuge épars des prières ferventes
et tu puises dans l'inconnu la force de prononcer ton nom.

04-02-2019

Le jour tombe
sur les blés
le givre se camoufle
dans les épis vert tendre

le souffle chaud des moissonneurs
n'est pas encore venu
il n'y a que les effluves
dorés du temps
l'ambre de l'automne
a quitté la terre
seul le froid prend possession
des champs

les vanneaux labourent
les nuages de leurs becs
rassemblant
les désirs de l'hiver
en une envolée majestueuse
laissant derrière eux
le vide bleu du ciel
et le silence profond
des bocages blessants.

03-02-2019

Un oiseau de feuillage
peut en cacher un autre
aussi bleu
que le cou de l'étrangère
chantant l'incertitude
de l'espoir
et la mélancolie des arbres
tissant son nid
de brume
comme empalé
sur le néant des choses
là où la vie abrupte
tend son écho sournois.

02-02-2019

De tes hanches
le signal
la chaleur qui tangue
entre les froids du corps
le désir qui frémit
sur la peau
en atomes de silence
palpitant au moindre
son de la chair
à la moindre caresse
au tourment de la main
ou des lèvres
qui appellent à leur tour
le bleu de la fragilité
et la blancheur de l'inconnu
comme des bourgeons
de présence
en ton âme manquée

de tes yeux
le pistil
et l'affluent de l'ombre
comme des agilités
sur le dos de l'insouciance
craintive source
de ton regard
où se perdent les visages.

01-02-2019

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