27 Janvier 2019
la nuit est un rideau de théâtre
un manteau de semailles parmi les eaux riveraines
un feu d'absence dans le sommeil de l'âtre
la nuit est une poésie aux clairières pérennes
elle guette le retour des contre-temps vieillis
la nuit comme une brume de sel
recoud l'ourlet de nos treillis
pardonnant à la soie la nuit s'assied à sa balancelle
ô lointaine obstinée ô nuit gisante
aussi frêle que l'instinct d'où jaillit l'horizon
ô nuit d'herbeuses larmes au ciel qui nous enfante
comme la chaude ville au pied de ce tison
la nuit est un oiseau dont les ailes se déploient
sur les corps des passants et les vives années
elle n'a que la lumière pour unique beffroi
où les voleurs de jour replient leurs voix fanées
la nuit est une ode à l'étoile commune
elle sait que bougent en elle de nombreux partisans
ô nuit de velours d'âme ô mort des mains sans lune
où une peau d'hiver embue les vieux brisants.
in La Bouche embrasée
Mars 2018