16 Décembre 2018
oui ton piano vient jusqu'à moi
et dans les tréfonds de l'hiver
je sens passer l'émoi
comme une neige austère...
les notes s'étirent et tremblent
brisées par ta voix légère
elles me disent doucement "soyons ensemble,
retrouvons-nous près des fougères"...
alors comme un fou j'erre
j'attends ta mélodie,
le rendez-vous des ombres passagères
qui me laisse un parfum d'incendie...
et la mélancolie que tu m'adresses
dans un vent froid de soprano
m'atteint en ce matin sans caresses
sans brasier ni piano...
alors le vide sans fin remplit son rôle
son jeu d'acteur à mon épaule,
il reste à ma joue gauche comme un baiser de toi
comme un mot à l'oreille qui sent la sève et le bois...
oui ton piano me torture
il féconde en mon coeur une trop grande tristesse
qui n'a nulle raison d'être, nulle raison d'être mûre,
ce genre de nostalgie qui meurt dans la détresse...
le clapotis des sons chuchote ton sourire
et je revois tes lèvres se mouvoir sans un bruit,
lentement s'émouvoir face au pulpeux d'un fruit,
glisser délicatement comme une promesse d'avenir...
tu chantes ces souvenirs au lieu de les épier
et tu me les soumets comme des fantômes de papier,
les phrases quant à elles s'échouent sur le clavier,
fleurs anonymes et provisoires qui décorent ton sentier.
in Ligatures du levant, La Traversée du non-lieu
Février-Mars 2011