17 Octobre 2020
C’est le partir du temps qui me soulève le cœur
On croirait à l’amour mais il faut se quitter
La bougie dans le noir mesure la douleur
Et le feu nous rappelle à sa douce cécité
Ce sont les mains qui joignent leurs frissons alanguis
Les amants de la ville marchent sans ne rien craindre
Ils achètent en tout coin de rue des branches de gui
Leurs lèvres ne parlent pas ils ne font que s’étreindre
Et moi timidement je les regarde faire
Les saisons passent et les oiseaux murmurent toujours plus bas
L’amour en moi devient un bel enfer
Mon cœur sans le savoir marche au bout de mes pas
C’est le fleurir de l’âme qui pèse sur ma vie
La prison des beaux jours est une cage amère
Les barreaux lentement se rouillent et prennent nuit
Le soleil froid enferme sa couleur dans la mer
Tout disparaît ainsi qu’un châle déchiré
De brume blanche dans la campagne où survit un ruisseau
Un enfant lit déjà le début d’un poème mal inspiré
Tout en faisant tourner dans l’air son grand cerceau
Les mots d’amour sautillent de roman en roman
C’est qu’ils cherchent un billet où poser leurs vieux jours
La vie n’est pas si rose pour l’ombre des amants
Elle se partage en deux et guette le retour
C’est le vieillir sans elle que je ne conçois pas
L’hiver est trop présent dans les flammes d’aujourd’hui
On pourrait écrire un monde entier dans les pliures des draps
Mais le sommeil prend tout même la mémoire des nuits.
in Le Nuage fossile
Avril 2019